« Demolition » de Jean-Marc Vallée

Critiques

Pensée du jour : Demolition man

Davis prend la plume pour se plaindre auprès du service clientèle de l’entreprise concernée. Le paquet de M&M’s qu’il désirait plus que tout est resté coincé à l’intérieur du distributeur. Il précise que 10 minutes avant ce désagrément, le décès de son épouse était officialisé. Mais pourquoi est-il incapable d’éprouver la moindre peine ?

Conseil du beau-père et patron qui ne l’a jamais aimé : « Pour réparer, il faut tout déconstruire et déterminer ce qui est le plus important. » Pris au pied de la lettre, ce défouloir ultime se transforme chez Davis en un besoin compulsif, engendrant des scènes de démolition parfois gênantes. La clinquante maison blanche, plus froide que belle, métaphore certaine du personnage, n’y survivra pas.  Qu’est-ce qui cloche donc dans la tête de cet antihéros ? Est-il encore sous le choc de l’accident ? Se noie-t-il dans une forme de dépression ? Lui manque-t-il un morceau de cœur comme il se l’imagine ? La solution ? Fréquenter d’autres désaxés comme lui afin de retrouver un semblant d’équilibre. Dans un rôle à nouveau aux portes de la folie, Jake Gyllenhaal offre son corps et son âme. Sa gueule d’ange psychopathe retient l’attention. De même que les personnages qui l’entourent, suffisamment originaux pour étonner. La réalisation enchaîne les plans courts et bruts dans un montage très serré. Une volonté d’échapper aux élans mélodramatiques qu’aurait pu frôler l’histoire. Pas d’océan de larmes, mais un humour gris foncé qui grince et amuse. Et si le but de tout déconstruire était de voir ce qui s’y dissimule à l’intérieur ?

7/10

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