« 12 jours » de Raymond Depardon

Critiques

“Nid de coucous”                       

En France, il est stipulé qu’un juge doit vous recevoir dans un délai de 12 jours en cas d’hospitalisation forcée en psychiatrie. A lui de décider de la prolongation ou non de ce séjour contraint.

La caméra s’avance lentement dans les couloirs laissés vides. Bruits sourds et litanies plaintives percent le silence régnant. L’atmosphère y est pesante, glaciale, anxiogène. Des lieux hantés par des âmes errantes, en quête d’une liberté espérée. Des êtres cabossés par leur vie – toxicomanes, schizophrènes, dépressifs, suicidaires, criminels, victimes ou bourreaux – qui n’ont que peu de mots pour exprimer les maux. Assisté d’un avocat, ils font face à la loi et à son vocabulaire. Des juges plutôt bienveillants qui, sur la base du dossier médical, ont la charge de décider de ce qu’il convient pour la sécurité de chacun.

Raymond Depardon vole au-dessus de ce nid inaccessible. En entrouvrant la porte, il esquisse des portraits intimes et édifiants, photographies de la société actuelle. On s’autorise à sourire face à ce patient qui se présente comme une Trinité à lui tout seul. L’émotion pointe quand le même prie la magistrate de rassurer son père resté seul. On frémit en apprenant qu’il l’a tué dix ans plus tôt. Pas un monstre, mais un mélange de démence, de violence et de mal-être. Un autre, l’air désespéré, rappelle alors cette réalité : « Je suis fou, j’ai la folie d’un être humain ».

7/10

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