« Chroniques de Téhéran » (Ayeh haye zamini) de Ali Asgari et Alireza Khatami

Critiques

“9 visages”

Selena, Sadaf, Farbod, Ali, Mehri et quelques autres. Des prénoms et des visages, figures de la vie quotidienne au sein de la société iranienne. 

Un plan général et fixe laisse le jour se lever doucement sur Téhéran. De la mégalopole jamais endormie, percent le bruit du trafic, les sirènes de police, l’appel du muezzin, des cris. Le dispositif aussi simple que radical se poursuit le temps de neuf brèves rencontres. Face à nous, un homme ou une femme. Il désire déclarer la naissance de son enfant, obtenir un travail ou le permis de conduire, tourner un film. Elle souhaite s’habiller comme elle l’entend, récupérer son taxi ou son fidèle compagnon, fréquenter un garçon. En voix off, tessiture orwellienne, un homme ou une femme représentant l’autorité dictent ce qu’il est permis de faire et ne pas faire. Ainsi, avoir David pour fils, porter des couleurs vives, les cheveux courts, des tatouages poétiques, promener un chien ou écrire sur soi passent pour autant d’inconvenances. Dialogues de sourds pour des situations absurdes, oppressantes, humiliantes. L’on sourit malgré soi, tout en ressentant une gêne à l’estomac.

Tournés à l’arrache, sous le voile des apparences, ces courts-métrages mis bout à bout démontrent que même la censure gouvernementale est incapable de tuer les idées qui s’engouffrent dans les failles sismiques d’un régime exsangue. Au final, survient le masque émacié d’un vieux bureaucrate anonyme, le regard vidé. Derrière lui, l’effondrement.

(7/10)

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